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Slogan de manif pour le climat 2023 (?) photo de l'auteur

Les quatre concepts fondamentaux des communs

maandag 9 september 2024 15:14
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Il y a un texte sur les communs que je n’ai pas écrit. Il aurait pourtant dû clore le cycle de ma série de textes sur ce thème.[1] C’est dommage. Car il m’était finalement apparu, à force d’enseigner sur le sujet, que pour clarifier le vaste domaine des biens communs, et les nombreux discours et histoires qui s’y croisent, il fallait, au moins didactiquement, distinguer quatre types de conceptions des biens communs. Je profite de cette invitation à démarrer l’année académique en fête dans cette vénérable École nationale supérieure d’architecture de France pour finalement faire mes devoirs… [2]

Tout d’abord, une brève mise en situation. Depuis le tournant du siècle (ou du millénaire), l’idée des ”  communs ” a connu un regain d’intérêt, généralement en référence directe au terme anglais ” commons ” (comme Clapham common)  au moins dans les langues germaniques. Ce nouveau mouvement constituait une résistance aux ” enclosures ” (les enclos) néolibérales, à la vague de privatisations depuis les années 1980. Il s’agissait certainement aussi d’une réaction à la catastrophe écologique en tant que menace pour notre plus grand bien commun, la biosphère. Et, enfin, il s’agissait aussi très concrètement d’une réaction à la crise économique de 2008, où en Espagne et en Grèce, par exemple, l’auto-organisation a été une solution à la pauvreté aiguë, avec des soupes populaires collectives et des squats. Mais pour vraiment comprendre cette constellation historique concrète, certains diraient cette résurgence des communs, il faut essayer de saisir les communs historiquement et théoriquement (j’essaie de faire allusion à l’histoire dans la séquence de mes quatre approches des communs).

 

Les communs philosophiques

Il y a d’abord le “commun” philosophique, qui est à la fois le plus évident et le plus déroutant. Car la confusion commence déjà avec le langage lui-même : commune, communication, communauté, communion, etc. C’est tellement englobant et tellement basique que cela en devient insaisissable. Mais il s’agit toujours de partage et de communication. De la mutualité. Le commun est ce que nous avons en commun.

Par exemple, et c’est un excellent exemple, le langage lui-même. Elle n’appartient pas à l’État, ni même n’est contrôlée par lui, et elle n’est pas non plus privée, comme l’a fait remarquer Wittgenstein, il n’existe pas de langue privée, c’est une contradiction dans les termes. La langue est partagée ou elle ne l’est pas. Et même les dictionnaires, les grammairiens, et même les hautes sociétés comme l’Académie française ne peuvent que suivre ce que la rue fait de la langue année après année. Ce qui conduit immédiatement à un premier constat, voire presque à une définition : est commun ce qui n’est ni public ni privé, mais partagé (géré ou non géré, c’est de cela qu’il s’agira, mais ça c’est pour plus tard).

Le langage est le commun qui nous appartient le plus. En termes plus spatiaux ou matériels, j’aime donner l’exemple de l’air (pas de langue sans air, d’ailleurs). L’air, comme la langue, n’est pas public, n’est ni propriété de l’État ni privé, mais partagé, et heureusement, car après une bonne minute sans air, nous suffoquerions tous ici. Que l’on puisse acheter et vendre des droits sur l’air ou plutôt la pollution des droits sur l’air est extrêmement problématique à cet égard, mais c’est le propre de la logique néolibérale ou capitaliste de marchandiser tout, même le plus abstrait, d’ailleurs même sur les mots (surtout sur les noms ou les concepts) on essaye parfois de prendre des droits d’auteur.

Pour moi, les océans constituent un troisième cas d’école. Eux non plus n’appartiennent ni à l’État ni sont ils propriété privée. Cela à des conséquences, parce que la surpêche se produit en partie parce que personne n’est responsable des océans, qui sont donc des biens communs non surveillés. Il existe des traités internationaux, mais… qui va les faire respecter ? Et maintenant, les multinationales veulent extraire des nodules de manganèse dans les profondeurs des océans, ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour ces écosystèmes encore très peu connus. Heureusement, elles ne peuvent pas encore privatiser les océans. Bien que des concessions et donc des privatisations soient possibles. Seuls des traités internationaux applicables peuvent sauver les océans. De l’air et des océans à la biosphère dans son ensemble, il n’y a qu’un pas. La biosphère est notre habitat commun, notre plus grand bien commun, partagé avec tous les êtres vivants (bien que la lune et Mars soient également des biens communs dans un sens, mais partagés avec tous les extraterrestres, s’ils existent).

La langue, l’air et les océans, la biosphère : les biens communs sont très vastes, presque universels. Nous qui avons l’habitude (surtout parmi les architectes) de diviser le monde en privé ou public, et si cela échoue, de parler de semi-public ou de semi-privé, nous devrions reconnaître qu’ici le tiers exclu, le tiers oublié est le plus grand. Mais le commun, les terres communes, la tradition de subsistance basée sur le partage des ressources de subsistance (terres, forêts, zones de pêche, systèmes d’irrigation) ont été effacés lors de la montée du capitalisme (nous y reviendrons). C’est ainsi que l’idée des communs a également disparu de notre imaginaire collectif et de notre vision du monde. Remédier à cet oubli est une tâche didactique en soi, militante et en même temps philosophique.

Quoi qu’il en soit, les biens communs englobent tout, ou du moins il y a des biens communs qui englobent tout, on les appelle généralement les biens communs globaux, en anglais, mais j’aime aussi les appeler universels, on pourrait aussi les appeler transcendantaux (comme dans “le langage est transcendantal”). Les biens communs mondiaux sont beaucoup plus vastes que le domaine du public et du privé, mais ils sont également non gérés, non protégés, ou du moins sous-protégés, et donc en danger. L’attention portée aux biens communs est motivée par ces urgences : le climat, un gigantesque bien commun, la biosphère sont en danger. Voilà pour la conception philosophique initiale des biens communs universels.

 

Les communs juridiques

Ensuite, très important et souvent oublié, il y a les biens communs légaux. Pour cela, il faut remonter à la Magna Carta de 1225 et à la Charte des forêts : les gens, les roturiers, avaient non seulement des terres communes autour de leurs villages, mais aussi le droit de ramasser du bois dans les forêts du roi, ce qui est extrêmement important pour le chauffage, la cuisine, le balayage, les toits, etc. Ils avaient également le droit de cueillir des pommes, des champignons, de pêcher dans les ruisseaux, etc. On avait même le droit de faire paître son cochon dans les forêts du roi. Seules deux choses étaient interdites : l’abattage des arbres et la chasse au gros gibier. Ce dernier était un privilège pour la noblesse. [3]  Ce qui est important ici, c’est que les biens communs n’étaient pas gérés par les gens, mais simplement légiférés. Il en va de même pour les terres communes au sens traditionnel du terme, mais ces terres communes étaient effectivement gérées en commun. Les forêts étaient simplement disponibles et la charte de la forêt déterminait ce qui était autorisé et ce qui ne l’était pas.

Ce sont ces cadres juridiques autour des forêts et des terres communales qui sont balayés au début du XVIe siècle par la première vague de ce que l’on appelle les “enclosures”, la fermeture des terres communales pour l’élevage de moutons à grande échelle (pour approvisionner l’industrie lainière flamande). Thomas Morus écrit son célèbre livre Utopia, publié en 1515 à Louvain, contre ce double crime, qui consiste à déposséder (souvent manu militari ou par vente forcée) des terres, qui étaient aussi littéralement des terres de subsistance, et à détruire des villages entiers (il faut voir cela comme une sorte de épuration économique, comme un épuration ethnique), et à criminaliser le vagabondage et à punir le vol de la peine de mort. Il s’agit donc d’abord de priver les gens de leurs moyens de subsistance, puis de les punir impitoyablement s’ils errent et, a fortiori, s’ils volent. C’est ce crime qui est dénoncé dans le premier livre de l’Utopie, concluant que c’est la propriété privée qui est la cause de tous les maux. Le deuxième livre peint alors le rêve d’une île sans propriété privée. Ennuyeux comme un monastère mixte, malheureusement.

Les biens communs légaux ont disparu avec les enclosures, les privatisations et la nationalisation des forêts et des terres communales. Ce processus a duré jusqu’au 19e siècle. Aujourd’hui, ils ont tous disparu et ont donc également disparu de notre imagination et de notre vision du monde. Néanmoins, les biens communs juridiques ont un grand avenir, par exemple pour la protection juridique de l’air ou des océans. Pensez aux accords de Paris sur le climat.

 

Les biens communs économiques

Troisièmement, il y a la forme la plus connue de biens communs, les communs économiques, qui prennent généralement la forme d’une coopérative gérant un bien commun particulier. Il ne s’agit pas seulement des anciens biens communs, mais aussi de Wikipédia, par exemple, qui est un commun numérique. En effet, Wikipédia n’est ni publique ni privée, mais créée, gérée et utilisée par de nombreux internautes qui, derrière leur écran, collectent et partagent gratuitement des connaissances pour le bien de tous. Pour ceux qui se laissent confondre par le jonglage philosophique des abstractions, pensez aux coopératives, aux asbl’s, à l’agriculture urbaine, aux squats et à mille et une formes d’activisme urbain, mais donc aussi à Wikipédia et aux plates-formes de sources ouvertes.

Elinor Ostrom, lauréate du prix Nobel, a étudié les biens communs économiques, les coopératives, sur différents continents et au cours de différents siècles, en prenant pour exemples les zones de pêche, les alpages et les systèmes d’irrigation, et en s’appuyant sur trois éléments de base : une communauté, une ressource partagée et un ensemble de règles visant à gérer et à maintenir cette resource.

Nous appelons ces formes de communs les communs locaux ou particuliers, par opposition aux biens communs mondiaux et universels. De nombreux communs sont aujourd’hui des formes de coopératives (souvent des asbl en tant que forme juridique). Sous les abattoirs d’Anderlecht à Bruxelles, ils cultivent des champignons sur le marc de café collecté auprès des cafés et restaurants du quartier, Urban farming, etc… Il y a beaucoup de biens communs économiques, mais ils restent en même temps marginaux par rapport au marché et à l’État. C’est le talon d’Achille des biens communs économiques : leur petite échelle.

 

La conception politique des communs

Avec Negri et Hardt, Dardot et Laval, dans leur épais ouvrage, hachent résolument la fin des communs : COMMUN (sans s).[4] Revenant sur l’idée de mutualité, de réciprocité chez Proudhon et dans la tradition anarcho-communiste, ils insistent à juste titre sur la forme linguistique primitive du co-munus, KO-MOINE en PIE (proto-indo-européen) : le devoir mutuel comme forme de base du commun. Ce ne sont pas les terres qui sont communes, mais le geste d’autogestion et d’auto-organisation qui sous-tend tout ce qui mérite le nom de commun. D’où leur opposition à la naturalisation des communs, comme s’il existait des choses naturellement plus aptes à être partagées.

Pour Dardot et Laval, le commun est une praxis, une pratique politique de fondation des communs. Il ne faut pas oublier que cette réciprocité est le fondement de notre État-providence, que ce sont les ouvriers de l’industrie qui ont inventé l’assurance contre les maladies sur la base de la mutualité (ce qui a donné le non a ces assurances): si nous payons tous mutuellement, nous avons une caisse dans laquelle puiser en cas de maladie. Ce mutualisme est également à la base des allocations de chômage et des pensions. Aujourd’hui encore, en Belgique, les allocations de chômage sont payées par les syndicats. (Il est très important de continuer à se souvenir et à honorer cette tradition d’auto-organisation et de mutualité, et plus important encore de défendre ces acquis. Le fait que l’État-providence ait repris une grande partie de ce mutualisme n’a pas d’importance. Au contraire : les transports publics sont meilleurs que les transports “communaux”. L’État est bon dans l’organisation des services publics.

Vous pouvez commencer à spécifier le principe politique des biens communs, en plus de l’auto-organisation, il y a l’horizontalité, qui est très importante. La démocratie directe, les décisions par consensus peuvent également entrer en ligne de compte lorsque vous essayez de donner forme à l’idée politique des communs. Les mouvements indignado et occupy ont développé tout un vocabulaire de gestes pour faciliter les discussions de groupe dans ce sens. Mais l’esprit d’auto-organisation et d’horizontalité est plus important que ces gestes concrets. Décider à la majorité, par exemple, peut s’avérer plus efficace que de toujours rechercher le consensus.

Bref, pour Laval et Dardot, c’est cette réciprocité et donc le ‘commun’ (sans s), le co-munus de commun, qui est le principe politique par excellence. Et qui leur donnera tort ? (Il n’est cependant pas certain que les rêves de communisme du capital par le pouvoir d’auto-organisation de la multitude des producteurs créatifs dont rêvaient Virno et Negri puissent jamais devenir réalité).

 

Conclusion

Ainsi, Mesdames et Messieurs, toute la confusion et l’embrouillamini autour des biens communs, tous les oh et ah, tous les secrets, au moins toute l’ambiguïté est ainsi, je l’espère, résolue une fois pour toutes. Il existe quatre perspectives principales sur les communs, quatre concepts différents ou même ‘formes’ de ‘communs : le concept philosophique, le concept juridique, le concept économique et enfin le concept politique.

Ces quatre conceptions ou concepts des communs ne sont pas séparés, ou du moins il existe de nombreux liens : la redécouverte des communs consiste précisément à relier les communs locaux et particuliers aux biens communs mondiaux et universels : ‘Think global act local’, penser globalement, agir localement, signifie : je travaille à la sauvegarde de la biosphère en faisant de l’agriculture urbaine avec des chaînes courtes ou en achetant à des coopératives qui font cela. Cela relie donc les biens communs universels et les biens communs particuliers, ou autrement dis : les biens communs philosophiques et les biens communs économiques. De même pour les biens communs juridiques oubliés de la Charte de la forêt, nous avons besoin de toute urgence d’une charte de la biosphère. Les accords accords de Paris devraient être ou ont été une étape dans cette protection de la biosphère mais, contrairement à la charte de la forêt, ils sont difficile à vraiment imposer, puisqu’il n’y a pas de sanctions. À la fin de la Magna Carta, la Grande Charte, il est écrit noir sur blanc que le peuple a le droit de se rebeller si le roi ne respecte pas le pacte qu’était la Grande Charte. C’est ce qu’Extinction Rebellion et tous les autres activistes climatiques radicaux veulent faire.

Il y a souvent des chevauchements entre les différents types de biens communs. Un squat est à la fois un bien commun économique et un bien commun politique : il s’agit d’une maison partagée basée sur l’appropriation de l’espace vacant et l’auto-organisation. Le concept politique du commun sans s, le commun, pourrait s’accommoder du néolibéralisme si la mutualité était à nouveau comprise comme la base du vivre ensemble, de la polis sans plus. Alors, les communs juridiques et économiques s’épanouiraient plus que jamais et les communs philosophiques seraient mieux compris et protégés que jamais comme ce qu’il y a de plus précieux : la vie sur terre et la richesse des symbioses et des biomes de la planète.

Note importante: ce que je viens de présenter, n’est qu’un schéma didactique, il y a peut-être cinq ou sept concepts des communs. Peut-être ai-je oublié les communs poétiques, ou le commun culturel, mais à mon avis, ce partage de la culture et de la poésie appartient au commun philosophique, comme la langue. Je ne serais certainement pas opposé à ce qu’un bien commun culturel soit traité séparément, car l’économie, la politique et la culture, ce que j’ai appelé ailleurs les trois sphères, seraient alors représentées. Tous les schémas didactiques ne sont là que pour apporter de la clarté, car en réalité tout est imbriqué.

Par exemple, la plupart des “biens communs urbains” d’aujourd’hui sont des hybrides, des partenariats entre le gouvernement urbain (qui subventionne), une coopérative et souvent des initiatives privées qui participent, dans un biomarché par exemple. Ainsi, les trois entités : l’État, le privé et le commun travaillent idéalement ensemble (de manière dialectique). Ceux qui misent sur l’un des trois au détriment des deux autres se retrouvent soit dans un état totalitaire, soit dans un marché tout puissant, soit dans un monde de rêve anarchique. Croyez-moi franchement. Cela n’empêche pas que les communs économiques, politiques et juridiques, toutes ces pratiques de mutualisation, sont bien nécessaires pour sauver la biosphère en tant que commun global ou mondial, universel, transcendantal et donc philosophique. (Merci de votre attention.)

 

[1] Voir Lieven De Cauter, Ending the Anthropocene. Essays on Activism in the Age of Collapse, NAI010 publishers, Rotterdam, 2021. Une bonne introduction aux biens communs est également proposée par David Bollier, Think like a commoner.

[2] Colloque d’ouverture de l’année universitaire, 12 septembre 2024 à l’ENSASE, Ecole Nationale d’Architecture Saint-Etienne.

[3] Sur ce point, voir Peter Linebaugh, The Magna Carta Manifesto, University of California Press, Berkely, Los Angeles, London, 2008.

[4] Negri & Hardt, Commonwealth, …Dardot & Laval, Commun…

 


De vier fundamentele opvattingen

van het gemeen(goed)

 

Er is één tekst over het gemene, over het gemeengoed die ik niet heb geschreven. Hij zou nochtans de cyclus van mijn reeks teksten over dat thema hebben moeten afsluiten.[1] Dat is jammer. Want het was mij, door er zoveel les over te geven, eindelijk duidelijk geworden dat, om klaarheid te scheppen in het uitgestrekte domein van het gemeengoed, en de vele discoursen en geschiedenissen die zich erin kruisen, men het best, minstens didactisch, een onderscheid zou maken tussen vier soorten opvattingen van de ‘commons’. Ik neem deze uitnodiging om mee het academiejaar feestelijk af te trappen in deze eerbiedwaardige Franse Nationale Architectuurschool te baat om mijn huiswerk alsnog te maken[2].

Eerst een korte situering. Sinds ongeveer rond de eeuwwisseling (of de milleniumwende) is er een nieuwe aandacht voor het idee van ‘gemeengoed’, meestal met directe verwijzing naar de Engelse term ‘commons’ (zoals clapham common). Deze nieuwe beweging vormde een verzet tegen de neoliberale ‘enclosures’, de golf van privatiseringen sinds de jaren tachtig, het was zeker ook een reactie op de ecologische catastrofe als een bedreiging voor onze grootste gemeengoed, de biosfeer, en het was tenslotte ook heel concreet een reactie op de crisis van 2008, waar bijvoorbeeld in Spanje en Griekenland, zelforganisatie een oplossing was voor acute armoede, met collectieve gaarkeukens en kraakpanden. Maar om deze concrete historische constellatie echt te begrijpen moet je het gemene historisch en theoretisch trachten te vatten (ik probeer het historische te laten doorschemeren in de volgorde van mijn vier benaderingen van de commons).

 

Het filosofische gemeen(goed)

Ten eerste is er de filosofische ‘commons’, die tegelijk de meest evidente en de meest verwarrende is. Omdat de verwarring al begint met de taal zelf: commune, communicatie, comunautair, communie, etc. Het is zo alles omvattend en zo basaal dat het ongrijpbaar wordt. Maar het gaat altijd over delen en mededelen. Over wederzijdsheid. Het gemene is wat we gemeenschappelijk hebben.

Bijvoorbeeld, groot voorbeeld, de taal zelf. Zij is niet in het bezit of ook maar onder de hoede van de staat, en zij is ook niet privé (zoals Wittgenstein al opmerkte, er bestaat geen privétaal, dat is een contradictio in terminis). Taal is gedeeld of is niet. En ook de woordenboeken, de grammatici, en zelfs hoge gezelschappen, zoals de Académie Française kunnen alleen maar volgen wat de straat jaar na jaar van de taal bakt. Dat leidt meteen naar een eerste vaststelling, zelfs bijna een definitie: gemeen is dat wat noch publiek noch privé is, maar gemeenschappelijk (beheerd of onbeheerd, daar zal het op aan komen, maar laat ik niet vooruitlopen).

De taal is onze meest eigen common. In meer ruimtelijke or materiële termen, geef ik graag het voorbeeld van de lucht (Geen taal zonder lucht overigens). Lucht is, zoals de taal, niet publiek, is geen staatseigendom en ook niet privé, maar gedeeld, en gelukkig want na een dikke minuut zonder lucht zouden wij hier allen stikken. Dat men luchtrechten of beter pollutie van de lucht rechten kan kopen en verkopen is uiterst problematisch in dat opzicht, maar het is eigen aan de neoliberale of kapitalistische logica om alles, maar dan ook alles, te commodificeren, ook het meest abstracte, trouwens ook op woorden (met name op namen of concepten) probeert men soms copyright te nemen.

Een derde schoolvoorbeeld vormen voor mij de oceanen. Ook zij behoren noch aan de staat noch zijn ze privébezit. Dat heeft gevolgen, want overbevissing is er onder andere omdat er niemand baas is over de oceanen, zodat de oceanen een onbewaakte commons zijn. Er bestaan wel internationale verdragen, maar ach… wie gaat die afdwingen? En nu willen de multinationals de mangaanknollen in de diepste diepten der oceanen ontginnen met mogelijke catastrofale gevolgen voor die nog zeer onbekende ecosystemen. Gelukkig dus dat zij de oceanen alsnog niet kunnen privatiseren. Hoewel concessies en dus privatiseringen mogelijk zijn. Alleen internationale verdragen die afdwingbaar zijn, kunnen de oceanen redden. Van de lucht en de oceanen naar de biosfeer in zijn geheel is een kleine sprong. De biosfeer is onze gedeelde habitat, onze grootste commons, gedeeld met alle levende wezens (hoewel ook de maan en Mars in zekere zin ook commons zijn, maar dan gedeeld met alle extraterrestrials, als ze bestaan).

De taal, de lucht en de oceanen, de biosfeer:  de commons zijn heel groot, bijna allesomvattend. Wij die (zeker onder architecten) gewoon zijn om de wereld op te delen in privé of publiek, en als dat niet lukt, spreken van semipublic of semiprivé – zouden moeten inzien dat hier de uitgesloten, de vergeten derde de grootste is. Maar het gemene, de gemene gronden, de traditie van subsistentie op basis van het delen van bestaansmiddelen (gronden, bossen, visgronden, irrigatiesystemen) is tijdens de opkomst van het kapitalisme weggewist (daarover straks een woordje meer). En zo komt het dat het gemene ook uit onze collectieve verbeelding en uit ons wereldbeeld is verdwenen. Dit vergeten ongedaan maken is een didactische, activistische en tegelijk filosofische opdracht op zich.

In elk geval: de commons zijn allesomvattend, of althans er zijn allesomvattende commons, men noemt ze meestal de global commons, in het Engels, maar ik noem ze ook graag universeel, men zou ze ook transcendentaal kunnen noemen (zoals in de ‘taal is transcendentaal’). De globale, mondiale commons zijn veel groter dan het domein van het publieke en het private, maar ze zijn ook onbeheerd, onbeschermd, of minstens onder beschermd, en daardoor in gevaar. De aandacht voor de commons is ingegeven door deze urgenties: het klimaat, een gigantische common, de biosfeer is in gevaar. Tot zover een eerste filosofische begrip van de universele commons.

 

Het wettelijk gemeen(goed)

Dan is er, heel belangrijk en vaak vergeten, de wettelijke commons. Daarvoor moeten we teruggaan naar de Magna Carta uit 1225 en de Charter of the forest[3]: de mensen, de commoners, hadden niet alleen gemene gronden rond hun dorpen maar hadden ook het recht om hout te sprokkelen in de bossen van de koning, uiterst belangrijk voor de verwarming, het koken, het vegen, de daken, etc. Ook hadden ze het recht op het plukken van appelen, paddenstoelen, ze mochten vissen in beken, enzovoort, al die dingen waren bij wet toegelaten. Men had zelfs het recht om zijn varken te laten grazen in de bossen van de koning. Enkel twee dingen waren verboden: bomen omhakken en op groot wild jagen. Dat laatste was een privilege voor de adel. Belangrijk is hier dat het gemene niet beheerd wordt door de ‘commoners’, maar gewoon is wettelijk vastgelegd. Zoals ook de commons in de traditionele oerbetekenis van gemene gronden, maar die gemene gronden werden wel degelijk gemeenschappelijk beheerd. De bossen waren gewoon voorhanden, en de charter of the forest bepaalde wat mocht en niet mocht.

Het zijn deze legale kaders rond bossen en gemene gronden die aan het begin van de zestiende worden worden weggevaagd door de eerste golf van zogenaamde ‘enclosures’, het afsluiten van gemene gronden voor de grootschalige schapenkweek (om de Vlaamse wolindustrie te bevoorraden). Thomas Morus schrijft zijn befaamde boek Utopia, gepubliceerd in 1515 in Leuven, tegen deze dubbele misdaad, van het ontvreemden (vaak manu militari of door gedwongen verkoop) van gronden, die ook letterlijk bestaansgronden waren, en het vernietigen van hele dorpen (je moet het zien als een soort van economische zuivering, zoals een etnische zuivering), en het criminaliseren van landloperij en bestraffen van diefstal met de doodstraf. Dus eerst de mensen hun bestaansmiddelen afnemen, en ze dan genadeloos straffen als ze ronddolen en laat staan stelen. Het is die misdaad die in het eerste boek van Utopia wordt aangeklaagd met als conclusie dat het de privé eigendom de oorzaak van alle kwaad is. Boek twee schildert dan de droom van een eiland zonder privé eigendom. Saai als een gemengd klooster, helaas.

De wettelijke commons zijn verdwenen door de enclosures, de privatiseringen en ook de nationalisering van bossen en gemene gronden. Dat proces duurde tot in de 19de eeuw. Maar nu zijn ze allemaal verdwenen, zodat ze dus ook uit onze verbeelding en uit ons wereldbeeld zijn verdwenen. Nochtans hebben de legale commons een grote toekomst, bijvoorbeeld voor de wettelijke bescherming van de lucht of de oceanen. Denk aan de klimaatakkoorden van Parijs.

 

De economische commons

Dan is er ten derde, de meest bekende vorm van de commons, de economische commons, die meestal de vorm aanneemt van een coöperatieve, die een bepaald gemeengoed beheert. Dat zijn niet alleen die oude gemene gronden, maar ook Wikipedia bijvoorbeeld, is een digitale commons. Want Wikipedia is niet publiek en niet privé, maar gemaakt en beheerd en gebruikt door de vele nerds achter hun schermen die gratis kennis verzamelen en delen voor het goed van het gemeen. Dus wie het schemert bij filosofische gejongleer met abstracties, denk aan coöperatieven, vzw’s, stadslandbouw, kraakpanden en duizend en een vormen van stadsactivisme, maar dus ook aan Wikipedia en open sources platformen.

Door nobelprijswinnaar Elinor Ostrom werden de economische commons, de coöperatieven, bestudeerd in verschillende continenten en over verschillende eeuwen, met als voornaamste voorbeelden visgronden, alpenweiden en irrigatiesystemen, en met als drie basiselementen: een gemeenschap, een gedeelde grondstof (common pool resource, in haar termen) en een set regels om die CPR te beheren en onderhouden.

Deze vormen van commons noemen we de lokale commons of particuliere commons, tegenover de globale en universele commons. Vele commons van vandaag zijn vormen van coöperatieven (vaak asbl als juridische vorm). Onder de abattoirs van Anderlecht in Brussel kweken ze champignons op kofffiedik verzameld van de cafés en restaurants in de buurt, Urban farming, etc… Er zijn heel wat economische commons, tegelijk blijven ze marginaal tegenover de markt en de staat. Dat is de achillespees van de economische commons: hun kleinschaligheid.

 

De politieke opvatting van de commons

Samen met Negri en Hardt hakten Dardot en Laval in hun dikke boek, resoluut de eind s van de commons: COMMUN.[4] Ze gaan terug op de idee van mutualiteit, wederkerigheid bij Proudhon en de anarcho-communistische traditie en insisteren terecht op de talige oervorm van de co-munus, KO-MOINE in PIE (het Proto-Indo-Europees): de wederzijdse plicht als grondvorm van het gemene. Het is niet de gronden die gemeen zijn, maar het gebaar van zelfbeheer en zelforganisatie die ten grondslag ligt aan al wat de naam van commons verdient. Vandaar hun verzet tegen het naturaliseren van de commons, alsof er dingen zijn die van nature meer geschikt zijn om te delen.

Voor Dardot en Laval is de common een praxis, een politieke praktijk van het funderen van de commons. Het is belangrijk niet te vergeten dat die wederkerigheid de grond is van de onze welvaarstaat, dat het de industriële arbeiders zijn die op basis van de mutualiteit de ziekteverzekering hebben uitgevonden: als wij allemaal wederzijds betalen, dan hebben we een kas die in geval van ziekte worden aangesproken. Die mutualiteit is ook de basis  van werkeloosheid uitkeringen en pensioenen. Tot op de dag van vandaag wordt in België de werkeloosheidsuitkering betaald door de vakbonden. (Dat wil het nieuwe voorstel van regeerprogramma niet toevallig afschaffen.) Het is heel belangrijk die traditie van zelforganisatie en wederzijdsheid te blijven herinneren en eren, en nog belangrijker om die verworvenheden te verdedigen. Dat de welvaartstaat veel van die mutualiteit heeft overgenomen deert niet. Integendeel: zoals openbaar vervoer beter is dan ‘gemeenschappelijk’ vervoer. De staat is goed in organisatie van openbare diensten.

Het politieke principe van de commons kan je gaan specifiëren, naast zelforganisatie is er horizontaliteit, heel belangrijk. Ook directe democratie, beslissingen via consensus kunnen in beeld komen als je de politieke idee van commons probeert vorm te geven.  De indignado en occupybewegingen hebben een heel vocabulaire aan gebaren ontwikkeld om groepsdiscussies in deze zin te faciliteren. Maar de geest van zelforganisatie en horizontaliteit is belangrijker dan die concrete gebaren. Beslissen bij meerderheid bijvoorbeeld kan efficiënter blijken dan altijd te streven naar consensus.

Kortom, voor Laval en Dardot is het die wederkerigheid en dus het gemene, de co-munus van commun, het politieke principe bij uitstek. En wie zal hen ongelijk geven? (Of de dromen van de het communisme van de kapitaal door de zelforganiserende kracht van de multitude van creative producenten waar Virno en Negri van droomden ooit werkelijkheid kon worden, blijft echter twijfelachtig.)

 

Conclusie

Dus, dames en heren, alle verwarring en warrigheid rond de commons, al het och en ach, alle geheimzinnigheid, ten minste alle onduidelijk is daarmee, hoop ik, voor eens en altijd opgelost. Er zijn vier hoofdinvalshoeken op de commons, vier verschillende concepten bijna of vormen van de commons: de filosofische, de wettelijke, de economische en last but not least de politieke.

Deze vier opvattingen of concepten van de commons staan niet los van elkaar of althans er zijn vele verbanden: de herontdekking van het gemene, gaat juist om het verbinden van de lokale, particuliere commons met de globale, universele commons: think global act local, betekent: ik werk aan het redden van de biosfeer door stadslandbouw te doen met korte ketens of te kopen bij coöperatieven die dat doen. Dus daardoor worden universele commons en particuliere commons, of nog filosofische commons en economische commons verbonden. Idem voor de vergeten wettelijke commons van de Charter of the forest, wat we dringend nodig hebben is een charter of the biosphere. De zogenaamde Akkoorden van Parijs (ofte Paris agreements) zouden een stap in die bescherming van de biosfeer moeten zijn of moeten geweest zijn, maar, in tegenstelling tot de charter of the forest, zijn die nauwelijks afdwingbaar. Aan het eind van de Magna Carta staat zwart op wit dat de commoners het recht hebben om in opstand te komen als de koning zich niet houdt aan het pact dat de Magna Carta was. Dat is wat Extinction Rebellion en alle andere radicale klimaatactivisten en de klimaatrechtzaken willen doen.

Vaak zijn er overlappingen tussen soorten commons. Een kraakpand is tegelijk een economische commons en een politieke commons: een gedeeld huis maken op basis van toe-eigening van leegstand en zelforganisatie. Het politieke concept van de common zonder s, le commun, zou komaf kunnen maken met het neoliberalisme als mutualiteit weer zou worden begrepen als de basis van het samenleven, van de polis zonder meer. En dan zouden de wettelijke en de economische commons bloeien als nooit te voren en zouden de filosofische commons beter dan ooit worden begrepen en beschermd als het dierbaarste wat er is: het leven op aarde en de rijkdom aan symbiosen en biotopen op de planeet.

Let wel: dit is slechts een didactisch schema, misschien zijn er vijf of zeven concepten van de commons. Misschien ben ik de poëtische commons, of culturele commons vergeten, maar volgens mij hoort dat delen van cultuur en poezie bij de filosofische commons, zoals bij de taal. Ik zou er zeker niet tegen zijn om een culturele commons apart te behandelen, want dan zijn economie, politiek en cultuur, wat ik elders de drie sferen noemde, vertegenwoordigd. Nu, alle didactische schema’s zijn er alleen om helderheid te scheppen, in de werkelijkheid loopt alles dooreen. Bijvoorbeeld de meeste ‘Urban commons’ van vandaag zijn hybrides, samenwerkingsverbanden tussen stedelijke overheid (die subsididieert), een coöperatieve en vaak ook nog privé initiatieven die deelnemen, aan een biomarkt bijvoorbeeld. Dus de drie instanties: staat, privé en common werken idealiter (dialectisch) samen. Wie wedt op een van de drie ten nadele van de twee andere komt in of een totalitaire staat of in een allesoverheersende markt of in een anarchistische droomwereld terecht. Geloof me vrij. Dat belet niet dat de economische, politieke en legale commons, al die praktijken van vergemeenschappelijking, broodnodig zullen zijn om de biosfeer als mondiale of globale, universele, transcendentale en dus filosofische commons te redden. (Dank u.)

[1] Zie Lieven De Cauter, Ending the Anthropocene. Essays on Activism in the Age of Collapse, NAI010 publishers, Rotterdam, 2021. Een goede inleiding op de commons is ook David Bollier, Think like a commoner.

[2] Openingscolloquium academiejaar, 12 september, 2024 in ENASASE, Ecole Nationale d’Architecture Saint-Etienne.

[3] Zie daarover Peter Linebaugh, the Magna Carta Manifesto, University of California Press, Berkely, Los Angeles, London, 2008.

[4] Negri & Hardt, Commonwealth, …Dardot & Laval, Commun

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